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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/203

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Mais on le crut fou. Chacun témoignait son indignation contre Miette, et c’était à qui mieux mieux. Car le moyen le plus facile de montrer sa vertu est de s’indigner contre les autres ; beaucoup même n’usent que de celui-là. On s’en alla ensuite, sans plus s’occuper de la malheureuse que pour la maudire et la déchirer. Seule, une pauvre femme, qui passait pour bête, mais qui pourtant n’avait fait de mal à personne et souvent du bien, eut la charité de rester près d’elle, avec Pierrille. L’ayant appuyée sur un tas de chanvre peigné, qui attendait les quenouilles, ils lui mouillèrent le visage. Elle état là toute blanche et sans mouvement ; la vieille femme l’avait délacée, on entrevoyait une rondeur de neige sous la chemise, et ce jeune sein aussi bien que ce jeune visage ne semblaient également qu’innocence. Pierrille, sans mot dire, mais le cœur plein de pensées, lui tenait la main. — Non ! elle ne pouvait pas être fautive ; cette enfant si douce et si honnête. Non ! si hon-