Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/206

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après elle, alla se jeter, ivre d’angoisse et de douleur, sur son lit, dans l’écurie. Le petit gars, qui vint se coucher l’instant d’après, eût bien voulu causer de l’aventure ; mais Pierrille le fit taire. Bientôt, les laveuses quittèrent la maison ; on entendit quelque temps encore les pas et les voix de la Marianne et de sa servante ; puis, les lumières s’éteignirent et tout devint silencieux.

Pierrille se sentait le corps brisé, comme s’il eût été roulé du haut en bas du coteau, et il avait l’âme encore plus malade. Il voyait son bonheur perdu, ce cher bonheur déjà tant choyé dans sa pensée. Comme l’oiseau qui a tressé son nid de ses pattes et de son bec et l’a doucement garni de plumes, et qui a couvé les œufs d’où sortiront ses petits, lorsqu’en revenant de chercher pâture il trouve les œufs enlevés, le nid vide, — ainsi Pierrille regardait son pauvre amour, piétiné par l’injure d’autrui. Cependant, il ne pouvait croire Miette coupable ; il ne le pouvait pas ! Son bon sens, ou son amour, lui avait