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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/29

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tant de sérieux que la petite. Ils avaient le même âge ; mais, quoique bon garçon, il était plein d’étourderie. Ses moutons à lui paissaient tout en bas des Fades, dans un joli pré, les Lagrange ne manquant point de fourrages pour leurs bêtes ; mais Toiny montait le coteau pour venir à côté de la Nanon, surtout depuis un jour qu’il s’était mis tout en sang la figure, en courant après un lapin dans les rochers, et qu’elle avait déchiré son mouchoir pour le panser. Ils se rendaient comme ça de petits services ; ils se racontaient les contes et les histoires qu’ils savaient. Toiny apportait à Nanon des lapins ou des oiseaux, et quand il avait fait à sa blouse quelque déchirure, elle raccommodait la chose soigneusement, afin que la mère de Toiny, qui était une femme dure, ne le battît pas.

Souvent, ils ne se disaient rien du tout, je pense. On n’a pas toujours quelque chose à dire ; mais quand on s’aime, — j’ai su cela comme une autre, — c’est assez de plaisir que