Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/39

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Ils étaient tous deux, je crois, dans leur dix-neuvième année, quand la Samine, voyant que Toiny devenait triste, s’avisa de vouloir le marier. Je dois vous dire qu’elle aimait plus ce garçon que ses autres enfants, qui étaient des filles, et qu’elle l’aurait bien voulu marier avec une princesse. Elle choisit la Miette au père Colas, de la Vinadière, qui était fille unique et devait hériter un jour de plus de quarante mille francs.

Quand elle parla de ce projet à son garçon et lui dit d’aller voir la Miette le dimanche suivant, il pensa se trouver mal, et s’enfuit de la maison, comme un fou, pour aller à Nanon lui compter sa peine. Il craignait sa mère plus que le feu ; c’était une femme qui n’écoutait que sa propre idée, et quant au père, il eût été bien inutile de s’en recourir à lui. Car lui et sa femme ne faisaient qu’un, mais pas à la bonne manière, puisqu’il n’y avait d’âme et de volonté qu’en elle seule, et chez lui point. Ce n’était pas un méchant homme, mais quand on avait dit ça de lui on avait tout dit.