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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/41

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— Je t’ai bien averti, lui disait-elle, que nous devions nous attendre à de grands chagrins. Pour moi, il y a si longtemps que je les sens venir, qu’ils ne m’agitent guère. Nous n’avons à faire qu’une chose, c’est de patienter et laisser crier les gens. Jusqu’à ce qu’on se lasse de nous contrarier. Ta mère te tourmentera, c’est vrai, mais elle ne peut te marier malgré toi. Si j’étais à ta place, je dirais tout de suite ce que je veux. Ça ferait un grand orage, mais ça serait plutôt passé.

— Oui, et l’on m’empêchera de venir ici, répondait Toiny ; et ton grand-père, entendant parler de ça, te gardera à la maison, et je ne te verrai plus.

— Il faudra bien en arriver là, disait-elle en soupirant. Plus tôt ça commencera, plus tôt ça sera fini.

Mais le pauvre garçon n’avait point tant de courage, et ne faisait que se lamenter, en baisant les mains de sa Nanon, sans pouvoir se détacher d’elle ; et pour elle, qui souffrait tant de le voir chagrin, était-ce bien le mo-