Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/82

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femme, qu’à vingt-sept ans il se garderait bien de choisir, si, grâce à vos soins, il ne se trouvait pris dans son engagement, comme la caillé au trébuchet ! Et qui vous assure, d’ailleurs, que cette petite l’attendra ? Elle est coquette, ça se voit ; car elle sait s’attifer mille fois mieux que les autres filles, et se donner une grâce que les autres n’ont point. Il y en a plus d’un parmi notre jeunesse qui la regarde de près, et je n’ai point vu qu’elle s’en fâche ; car elle est trop avisée pour ignorer qu’on ne peut compter sur un soldat, soit qu’il ne revienne plus, soit qu’il revienne autre ; et n’y penserait-elle pas d’elle-même, le père Chérin l’y ferait penser ; car, l’autre jour, il murmurait de la voir soucieuse, et lui disait : — Tu mets toute ta jeunesse à la loterie ; c’est trop risquer. Quand tu auras vingt-six ans et qu’il reviendra, tu ne seras déjà plus si fraîche. Et s’il revient alors avec d’autres idées en tête, que feras-tu ? — Je vous le dis donc, Bénotte, tous les gens sages seront d’avis que vous