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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/84

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venu chercher, elle avait bien vu qu’il se souciait fort peu. Cependant, les mauvaises idées qu’il avait jetées en elle, sa jalousie, plus forte que sa droiture, les garda. Si bien qu’à force de les ruminer en elle-même, elle en vint à être persuadée que le meilleur service qu’elle pût rendre à son garçon était de rompre son engagement avec Mélie. Comment ? C’est ce qui l’embarrassait. Mais le tailleur était là pour un coup de main.

— Pardieu, lui dit-il, un jour qu’ils en reparlèrent, vous êtes bien simple, la mère, soit dit sans vous offenser. N’est-ce pas vous qui recevez les lettres de votre enfant ? et n’est-ce pas à vous que Mélie remet les siennes ? la chose ne souffre donc pas de difficulté. Jetez les lettres au feu. Ça leur fera croire à de l’oubli et les fâchera l’un contre l’autre. On n’aime pas à être délaissée ; la petite voudra se revenger en se mariant, et vous en serez ainsi débarrassée.

La Bénotte n’eût pas été, à bien dire, une méchante femme, sans son naturel jaloux et