Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/113

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— Mon enfant chérie, lui dis-je, ce que je désire le plus, c’est que votre âme tout entière soit à moi dès à présent, sans défiance et sans réserve. Si vous me donnez cela, Blanche, si pas une de vos pensées, pas un regret, pas un soupçon ne s’écarte loin de moi, si vous n’appelez que moi quand vous aurez besoin d’appui, si vous croyez à ma parole comme à votre volonté, si vos yeux ont besoin des miens pour admirer avec joie, votre poitrine de la mienne pour respirer complétement, si votre cœur a besoin de mon cœur pour battre, vous m’aurez comblé de tous les biens que vous je demande.

Elle dit alors avec un sourire, mais tout émue :

— Vraiment, Monsieur, vous voulez m’absorber ainsi ?

— Oui, répondis-je, afin de pouvoir en échange me donner à vous, avec un bonheur et un délire que je n’exprimerai jamais. Depuis que je sais vouloir, je n’ai rêvé, cherché, imploré en vain que cette rencontre d’un être qui voulût bien me prendre et qui fût à moi !

Et je sentais si fortement cela, et l’amertume du passé se mêla si vivement à l’ardeur de mon désir, que mes larmes coulèrent sur les mains de Blanche. La chère fille en fut très-touchée ; des larmes aussi vinrent à ses doux yeux. Elle prit ma tête dans ses mains et pressa mon front de ses lèvres :

— Oh William ! que vous êtes bon ! et que je vous aime !

Je la serrai dans mes bras sans l’effrayer ; une divine confiance est entre nous maintenant.