Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/130

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Naturellement elle m’aime de même ; car elle m’aime un peu. Mais je vois bien d’où viennent ses hésitations ; elle ne trouve pas que j’offre assez, en comparaison de ce qu’elle donne, et entre nous elle a raison. Toute ma chance consiste donc à ce que ma personne lui plaise plus que ne fera l’état et la condition d’un autre. Pour le moment, je ne vois auprès d’elle aucun Français riche et titré qui me fasse ombrage ; mais il est infaillible qu’il en viendra.

Tu n’imagines guère à quoi je m’exerce depuis huit jours. À mener huit chevaux de front, pour la conduire au bois avec banderolles et clochettes, en équipage russe. Elle me sait bien à ses ordres et j’aime à lui voir prendre cette autorité qui l’engage vis-à-vis de moi. Mais elle me surmène, mon cher. J’emprunte et suis éreinté. Si j’échoue, je suis perdu.

À Paris, statu quo complet. Le duc est toujours en Italie ; Bouville en Écosse, Vieillegarde aux eaux. Tu n’as besoin d’être ici qu’en octobre.

Je viens de t’expédier l’Histoire naturelle de Milne Edwards et Jussieu.

À toi toujours.
Gilbert.


VINGT-HUITIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

31 août.

Je t’ai si souvent envoyé au diable que j’en suis las ; vas-y donc tout seul, misérable ami, car tu n’as pas besoin que je t’y pousse, toi qui es sans cesse occupé, par