Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/134

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mantes vous autres, il vous faut de la soie, des rubans, des eaux, mille et mille choses, et puis encore des murs. Sais-tu qu’une pareille enclôture, c’est une affaire de quatre à cinq mille francs ?

— Tu n’es pas obligé de tout faire d’un coup. Si tu relevais le mur seulement du côté des champs, ça empêcherait les poules d’entrer. Et puis vraiment, une pareille incurie, c’est honteux. Nous avons l’air de ne pouvoir entretenir le domaine.

— C’est vrai, dit Clotilde, et toutes les fois que la famille Martin vient nous faire visite, j’en rougis.

M. Plichon objecte alors le mauvais état des récoltes cette année ; le domaine n’a rien produit, le blé a manqué ; les métayers mourraient de faim sans les avances qu’il est obligé de leur faire.

— C’est une raison pour donner du travail aux ouvriers, reprend sa femme. Précisément, le pauvre maçon Princhoux est venu me demander de l’ouvrage ; ils n’ont ni travail ni pain.

— Hé bien, si ça commence déjà, il fera beau voir cet hiver. Mais tu es bonne, toi, c’est une raison. Est-ce que tu me prends pour le Pactole ?

— Mon cher, heureusement, nous n’avons pas que le Fougeré ; nous avons des rentes.

— Et Royan ? savez-vous combien vous avez dépensé là-bas ?

Généralement, quand la querelle arrive au chapitre des dépenses. Blanche s’échappe avec Clotilde et je les suis. Clotilde, qui aime le luxe et la toilette, autant il est vrai pour sa nièce que pour elle-même, ne peut