Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/136

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ébranlée par des travaux excessifs. La lettre de ce monsieur est pleine de compliments pour tout le monde, mais surtout pour Clotilde, et si ampoulés, qu’à sa place je me défierais de cet homme-là. Il se dit l’âme fatiguée du séjour de Paris, et plein du besoin de venir se retremper au milieu de cœurs d’élite. Il se nomme Marc Forgeot et c’est le secrétaire intime du fameux Nicolas Gargan, tu sais, ce coryphée du centre, que le National poursuit de ses plaisanteries, et qu’il interpelle toujours ainsi : Gargan tu as !… tu devrais connaître ça.

Un mois ! c’est tout au plus le temps que je pourrai encore passer ici. Cet homme va gâter notre intimité. Suis-je malheureux !

J’ai annoncé l’intention de céder la place à ce monsieur ; mais Clotilde s’est récriée, et Blanche, passant doucement son bras sous le mien, m’a dit : Oh ! William ! Son accent était celui du reproche, et ces mots ont suffi pour m’ôter l’idée de partir. Je ne dois pas cependant manquer de discrétion et j’ai renouvelé ma proposition, à dîner, le soir. Maman Plichon a pris la chose en vraie mère.

— Vos intérêts à Paris exigent-ils votre départ, William ?

— Pas encore, ai-je répondu. Impossible de voir personne avant un mois.

— Eh bien, vous vous ennuyez ici ?

— Oh ne dites donc plus ce blasphème !

— Alors, mon cher William, vous n’avez pas le sens commun.

Je me suis levé et suis allé lui baiser la main avec tendresse. Il est convenu que je rentrerai à Paris en y