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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/143

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il pas tenir compagnie au cousin Marc ?… Bref, la leçon fut renvoyée au lendemain.

Je n’ai pu m’empêcher d’être irrité ; car c’est pour écouter les contes bleus que cet homme débite sur les tripotages du monde que Blanche et Clotilde ont voulu rester dans le salon. Édith attendait la fin de la discussion, d’un air un peu ironique.

— Alors, je puis emporter le livre, a-t-elle dit.

— Mais, ai-je répliqué avec dépit, nous ferons la leçon ensemble si vous voulez.

Elle a souri avec ironie et m’a remercié sans accepter. Blanche a vu ma contrariété et n’en a pas tenu compte. Mais ce qui m’a frappé au cœur comme une flèche empoisonnée, dont la blessure est toujours aussi âpre, quelque effort que je fasse pour la calmer, c’est le fait que voici :

Ce Prosper Coulineau, fils du meunier, ce jeune homme qu’on dit amoureux de Blanche, est venu faire une visite, sous je ne sais plus quel prétexte, et, comme il abordait le seuil de la maison, quelqu’un l’a vu et l’a signalé. Blanche à ce moment était debout auprès de la cheminée, attentive à l’histoire d’un scandale de Bourse que racontait M. Forgeot. Elle s’est vivement retournée vers la glace et, après un coup d’œil hâtif, a rajusté ses cheveux et son ruban ; puis, elle s’est replacée en face de la porte, de cet air doux et candide qu’elle prend, je le vois maintenant, quand il lui plaît. J’ai beau me dire qu’on les dresse dès l’enfance à ces manèges ; que toutes les femmes sont plus ou moins coquettes et posent toujours un peu, ce n’est point une femme semblable à toutes les autres que je puis adorer ; en vérité, par moments, je la trouve