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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/170

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voyons. Comme tu en parles, toi ; on dirait que ça ne te coûte rien !

— Ah ! on dirait, répéta la jeune fille en levant les yeux au ciel. Mais si ton père ne veut pas, et que tu n’y puisses rien, tu vois bien qu’il n’y a pas autre chose à faire.

Il ne sembla pas comprendre le reproche ardent renfermé sous ces paroles ; il voulut l’embrasser, et je vis bien que c’était pour lui l’alpha et l’oméga de toute l’affaire.

Je les laissai et m’éloignai sans bruit. Pauvre fille !


— Je viens de recevoir ta lettre. Je pars demain. Mercredi soir nous nous embrasserons. Oui, je vais agir. Il faut que je sorte de cette situation fausse et indécise, où je compromettrais ma dignité. Hier, je le sentais bien, je n’étais pour eux qu’un excentrique, sans consistance, ne pouvant offrir à sa fiancée qu’un avenir très-douteux ; aujourd’hui, se fondant sur les espérances que donne ta lettre, les voilà qui délirent de joie et d’enthousiasme et m’estiment un grand parti. Maman, je le vois, souffrait aussi de cette sorte de défaveur qui depuis quelques jours est dans l’air autour de moi, et dont je pressens l’auteur. Elle m’a dit :

— Il faut réussir, William, je veux que nul ne puisse contester votre supériorité.

— En aurai-je davantage si je réussis ?

— Non, pas pour moi. Mais vis-à-vis de beaucoup d’autres, cela vous épargnera des luttes et des ennuis. Vous savez que la plupart des hommes n’admirent que ce qui brille.