Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/184

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porte plus de vingt par jour, et l’on est obligé d’en refuser.

J’entends un coup de fusil : papa vient de tuer une poule ; je crois qu’il n’en reste plus dans le hameau du Fougeré. Pendant qu’il est tout à l’émotion de ce haut fait, je vais plier ma lettre et la donnerai au facteur sans qu’on la voie. C’est pourquoi, mon William, j’ose vous embrasser bien vite et bien fort, de toute ma tendresse. Oui, je vous aime bien. Votre petite Blanche vous aime un peu, beaucoup, passionnément. Revenez bien vite. Oh ! comme je vais être heureuse de vous voir ! Quand vous arriverez, vous nous manderez le jour pour qu’on vous envoie chercher. Mettez pied à terre au bas du coteau et montez par le sentier ; je vous attendrai sous le saule-pleureur du grand étang ; mais… mais vous me promettez de ne pas m’embrasser trop fort… À bientôt, mon William. Je t’aime.



QUARANTE-DEUXIÈME LETTRE.

ÉDITH À WILLIAM.


14 novembre.

Cher frère, ne m’envoyez plus de livres ; j’en ai pour quelque temps de ce roman d’Œhlenschlager que je vais traduire sérieusement. Il eût été désirable que j’en eusse pu lire plusieurs, afin de mieux comprendre le génie de l’écrivain ; mais cette année est désastreuse, et la misère des pauvres, toujours croissante, commande impérieusement l’aumône. Je n’ai presque plus d’argent de la