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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/189

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devant Marie, qui verrait la Vierge se lever et s’enfuir, en criant que le tête-à-tête est inconvenant. Tombé du ciel en terre, il serait forcé de convenir que les célestes créatures ont de bien mauvaises pensées.

La véritable innocence pour moi, c’est, avant tout, une noble confiance. Elle peut connaître le mal, mais sans cesse elle l’oublie. Elle tient l’esprit si haut… Oh ! mon idéal !

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21 novembre.

M. Forgeot est insinuant, aimable, complimenteur ; il cherche évidemment à me gagner. Sans doute il craint que je lui nuise à mon tour prés de Clotilde, et c’est, en effet, mon intention quand j’aurai bien constaté quel degré d’influence il a sur elle. Mais l’un et l’autre se cachent de moi. Clotilde est à la fois enivrée d’aimer et honteuse de rompre ce serment, tant de fois juré, de renoncement éternel au mariage. Comme tu l’avais pensé, Gilbert, M. Forgeot a enfin avoué sa rupture avec Nicolas Gargan ; il ne pouvait justifier autrement un si long séjour au Fougeré, et d’ailleurs il devait craindre mes révélations. Mais il s’est bien gardé de parler de l’infâme tripotage au sujet duquel ils se sont brouillés, et la cause n’en est, suivant lui, qu’à de superbes délicatesses, qu’il s’attribue, et qui ne lui ont pas permis d’hésiter entre sa conscience et son intérêt. Aussi Clotilde le considère-t-elle comme une victime du devoir. Ce qui donne à ces mensonges quelque peu de fondement, c’est que Forgeot a toujours cherché à se colorer d’un vernis de démocra-