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qu’elle est bizarre. Cela sert du moins à persuader à Clotilde que les Forgeot sont nécessaires au bonheur du peuple. Cette digne tante se répand, de son côté, en phrases d’une sensibilité extrême et en soupirs exagérés ; mais le petit sou qu’elle donne la satisfait pourtant sur ce qu’elle peut faire, et la tranquillité de leurs travaux au salon, ni leur babil, ni la fraîcheur de leurs toilettes n’en sont altérés. Il faut pénétrer dans ce sanctuaire pour imaginer à quelle distance des misères publiques et de toute affaire sérieuse peuvent transporter un journal de modes ou une broderie-guipure. En voyant Blanche aussi calme et aussi rieuse qu’à l’ordinaire, souvent je suis tout prêt à lui reprocher cette insouciance ; mais quand je pense à toutes les influences qui combattraient mes paroles dans son esprit, je m’arrête : je n’ose tenter cette épreuve, trop décisive peut-être… pour moi.


QUARANTE-QUATRIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT

22 novembre.

Je viens d’avoir un long entretien avec Blanche. Où en sommes-nous ? grand Dieu ! Maintenant, je sais les motifs de mon rappel au Fougeré.

Depuis que je suis ici, j’entends parler de la consécration d’une chapelle qui vient d’être rebâtie à Sanxenay, et qui contient certaines reliques d’un grand prix. L’évêque lui-même vient présider cette cérémonie, et le presbytère étant fort pauvre, aucune autre maison bour-