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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/212

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fle est régulier, son sommeil est profond. Et voilà donc tout l’effet que produit sur elle mon pauvre philosophe à l’âme si grande et de si bonne foi ! Je ramassai le livre, et, plein de dépit et de désespoir, quelque belle que fût Blanche dans son sommeil, je sortis sans vouloir jeter sur elle un nouveau regard.

Non, c’est impossible ! Elle est née comme cela sans doute, irréfléchie ; puis tout a secondé ses tendances au lieu de les combattre. Elle a vu dans l’esprit de tous ceux qui l’entouraient, et dans les habitudes générales, qu’elle était née pour une existence frivole et facile et s’est contentée de cela, trop aisément. Être jolie, plaire, charmer les yeux des hommes : voilà toute leur tâche, tout leur avenir ; fleurs d’une saison, voilà tout.

On fait ainsi de la femme une sorte d’éphémère. Dans l’idée générale, la seule époque de sa vie qui ait une valeur, un éclat quelconque, c’est de quinze à vingt ans, de la puberté au mariage ; trajectoire brillante, mais courte, et leur destinée se fixe et s’immobilise, à l’heure précisément où l’être moral et intellectuel entre dans sa force. On commence pourtant à s’inquiéter de la mère ; plus tard, s’inquiétera-t-on de l’être humain ?

Seul contre tous, contre l’opinion, contre des habitudes invétérées, contre son naturel même, je le vois trop, je ne puis rien.

27 novembre.

Je viens de découvrir chez Édith une faiblesse féminine. Elle était à l’entrée de la plaine, comme j’y arrivais, et se tenait là, hésitante, regardant de loin les grands