va quelquefois au logis en journée ; que ce monsieur-là avait en papier de vrais trésors, de quoi enrichir M. Plicbon et bien du monde, et, voyez-vous, ça m’avait tourné la tête, et je voulais voir si je ne trouverais point dans ses poches une action où deux pour faire le bonheur de ma pauvre fille, puisque, autrement, ça ne lui sert de rien du tout d’être jolie et bonne et sage, et mieux que n’importe qui…
Il pleurait en disant ces derniers mots :
— Vous êtes le père de Mignonne, lui dis-je.
— Oui, Monsieur, balbutia-t-il ; mais ne le dites pas ; je ferais honte à ma fille.
— Elle n’a donc plus de travail ?
— Ni elle ni moi, depuis longtemps ; les riches n’en donnent plus, parce que l’année est mauvaise et que ça craint de manquer après la mort. Ah ! j’ai ben fait travailler quand même, moi, autrefois.
Je rengageai sérieusement, en lui montrant les conséquences terribles de sa faute, à conserver à sa fille le seul bien qu’ils eussent gardé, une bonne renommée, puis je le quittai en lui donnant une poignée de main, seconde aumône, aussi précieuse pour lui que la première. Enfin, je me rendis chez la Chollette. Elle était un peu mieux ; le médecin répondait de sa vie ; et son mari ; qui la soignait, lui faisait boire de temps en temps un peu de bouillon envoyé par Mme Plichon. Cet homme se répandit en remerciements, surtout pour la demoiselle, qui était venue elle-même, et leur avait donné de l’argent, en ordonnant d’aller chercher le médecin. Moi, le cœur me battait de joie, car j’avais pensé