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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/234

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un peu de votre flegme et vous habiller convenablement.

— C’est, je crois, mon habitude, répondit Édith. Quant à faire de la toilette, je n’ai pas l’intention d’assister au dîner.

— Et moi, je vous ordonne d’y assister, s’écria M. Plichon avec des yeux brillants de colère. Puisque j’ai deux filles, il faut qu’elles soient là, toutes deux, et qu’on n’ait pas à chercher pourquoi et comment toutes ces singularités. Avez-vous donc juré d’autoriser sur votre compte les bruits les plus fâcheux ?

— Vous savez combien je méprise l’opinion des hommes, répondit Édith en appuyant sur ce dernier mot. Dans son œil brillait une flamme, à la fois terrible et pure.

Maman s’interposant, pria vivement Édith — ses doux regards la suppliaient plus vivement encore — de ne point contrarier son père et de paraître au dîner. Moi-même qui souffrais de cette scène, j’en fis autant. Édith céda. M. Plichon s’apaisa donc ; mais le pauvre homme ne savait guère ce qu’il venait d’obtenir.

Ce qu’il y eut de plaisant, c’est qu’il me catéchisa pour m’emmener à la cérémonie, m’assurant que mon devoir était de respecter extérieurement une religion que plus d’une fois j’ai dû protéger contre les insultes dont il l’accable. Mon refus l’irrita, et nous nous serions peut-être fâchés, si M. Forgeot, conciliateur né de tout ce qui est hétérogène, n’eût jeté entre nous sa phraséologie et ne m’eût donné l’occasion de m’esquiver, pendant une de ses périodes, pour aller au secours de Blanche, embarrassée d’un panier de fruits.

Ils partirent enfin, et revinrent à quatre heures avec