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duc, il faut que je m’occupe de ce garçon-là ; mais que peut-il faire ?

Étienne a dit que ce qui te conviendrait le mieux ce serait une bibliothèque ou un musée.

« Ah bien ! a dit le duc. Je verrai le ministre. »

Tu ferais bien d’abréger ta visite au Fougeré et de venir te montrer au duc de temps en temps.

Olga est charmante pour moi. Mais elle ne se décide pas. Je conçois bien que ma position n’est pas assez brillante, et qu’épouser un sous-chef de bureau ne sied guère à une princesse, qu’elle soit russe ou non. Mais il dépendait d’Olga de me faire arriver à un plus haut poste et je m’attendais à être présenté par elle à l’ambassade de Russie, où j’aurais connu de hauts personnages, qui pouvaient, grâce à sa recommandation, devenir mes protecteurs. Elle ne veut pas ; elle se contente du petit cercle d’artistes qui l’entoure et ne paraît désirer que l’entrée de quelques salons français. Preuve de goût assurément, mais qui ne me sert pas.

Mon cher William, j’ai peur que décidément tu n’ennuies cette jolie fille de tes sermons et que vous n’arriviez à vous brouiller ensemble. Quelle rage as-tu de vouloir toujours les choses autrement qu’elles ne sont ? Ta fiancée me parait délicieuse, tout à fait femme, et précisément celle qu’il faudrait pour le mettre en rapport avec le monde et te forcer à faire ton chemin. Je ne doute pas qu’au besoin cette aimable ignorante ne sût intriguer comme un diplomate. Une femme cassante et bourrue comme Édith ne mène à rien. Dieu vous garde d’ailleurs de vous empirer l’un par l’autre, celle-ci et toi.