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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/278

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que d’épouser Blanche ? Le pourrais-je d’ailleurs ? Non, c’est une infamie. Elle juge de trop haut, Édith, elle ne sait pas, non, elle ne se rend pas compte de ce qui se passe en moi. Son caractère, si ferme et si élevé, la place sans effort au sommet de tout devoir et supprime tout combat en elle. Ah ! qu’elle est heureuse d’être ainsi !… Non ; je préfère mille fois souffrir ces tortures et l’aimer éperduement.

J’avais oublié le bonhomme. On est venu ce soir de la ferme nous raconter l’état où il se trouvait, et qui semble à ces gens un miracle. Il a parlé, donné des conseils ; il a révélé des choses cachées, et il a indiqué une source voisine de la ferme dans un endroit où l’on creuse déjà. Inquiet de l’avoir laissé dans cet état si longtemps, j’ai couru à son chevet et l’ai réveillé en quelques passes. Il s’est levé sur son séant en disant : — Quel bon sommeil ! comme je suis bien ! et il a repris la conversation où nous l’avions laissée. J’ai défendu qu’on lui dit ce qui s’était passé, de peur de jeter un trop grand trouble dans son cerveau. Je songe à sa prophétie. Il m’a conduit au trésor ; mais le reste l’a-t-il bien vu ? Puis-je espérer que tout changera, et que mon bonheur n’est pas loin ?

15 décembre.

Édith n’est plus la même. Elle n’a rien changé à ses habitudes et vit toujours dans sa chambre ; mais pendant le temps qu’elle passe au milieu de nous, à l’heure des repas, sa froideur et son mutisme habituels ont fait place à un ton de douce et charmante humeur, qui fait une