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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/302

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et réglées, que le mariage est fait en principe, et qu’il ne reste plus qu’à faire faire connaissance aux futurs époux.

— Oui, Monsieur ; mais cette coutume est odieuse, absurde.

— Non, Monsieur, elle ne l’est pas ; attendu que de cette manière le mariage est certain et que tout se passe dans l’ordre ; tandis qu’avec vos raisons de sentiment (il faut entendre l’accent de mépris dont il dit ce mot), rien de sûr, et l’honneur des familles se trouve exposé, Monsieur, aux caprices des hommes d’imagination.

Il s’échauffait, je faillis en faire autant ; car ces attaques incessantes et stupides contre les hommes d’imagination me lassent les oreilles ; sentiment, honneur vrai, délicatesse, tout cela est pour eux de l’imagination. Mais je me souvins à temps que j’étais en faute, et qu’en effet mon amour pour Blanche avait été le fruit d’une imagination inquiète. J’admirais sa naïveté, sa grâce ; j’étais touché de son amour pour moi, produit également de l’imagination d’une jeune fille qui voulait aimer et qui choisit l’homme recommandé à sa vanité par les suffrages d’une foule. Oh ! si alors j’avais résisté aux prières de Clotilde… ! Mais je n’aurais pas connu Édith ; elle ne m’aurait pas aimé, et même, au prix du malheur, je veux garder ce lien, le seul qui me fasse accepter une vie éternelle.

M. Plichon finit par me déclarer nettement ses craintes : il voyait avec chagrin que je n’étais plus amoureux comme autrefois, que ça se gâtait entre nous. La place