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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/319

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CINQUANTE-SIXIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

29 décembre.

Non, le bonheur n’est pas pour moi. Ma destinée s’accomplira.

De nouvelles complications se sont produites qui pouvaient tout remettre en question ; elles ont fini par serrer plus fortement ce nœud qui m’étouffe.

Avant-hier, nous étions tous réunis dans la salle à manger quand madame Plichon, que nous attendions, est enfin venue. Elle était si triste, si défaite, qu’au premier coup d’œil je vis un malheur et m’approchai d’elle en lui demandant ce qu’elle avait. Elle me remit une lettre, d’une main tremblante. Cette lettre, venant de l’agent d’affaires de M. Plichon, annonçait que les mines de Fouilliza étaient en faillite complète ; les livres étaient saisis, les directeurs en prison et le parquet nanti de l’affaire ; car le prétendu capital de 6 millions était un pur mythe et ne se composait, outre la valeur réelle des mines, c’est-à-dire fort peu de chose, que de l’argent même des acheteurs. Les actions, cotées à la Bourse, avaient déjà changé de mains, vendues, sous un prête-nom, par les directeurs de l’entreprise ; et comme elles s’étaient élevées, sous l’influence des programmes, à un tiers au-dessus de leur émission, les porteurs actuels des actions perdaient le tiers de leurs versements, à supposer que l’encaisse se retrouvât entière ; mais on disait Roblard, le principal