Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/321

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— Oui, tu seras la plus forte, toi, dit Mme Plichon en la serrant dans ses bras, et l’on va savoir ce que tu vaux.

Blanche se trouva mal, nous la secourûmes. Clotilde pleurait, se répandait en malédictions, faisait cent questions et ne comprenait rien à l’affaire. Elle se releva enfin par un élan de générosité :

— Mes amis, s’écria-t-elle, moi je n’ai presque rien perdu ; ce que j’ai du moins est à vous.

Je regardai Forgeot ; ce n’était pas son affaire. Il leva les bras par un geste désespéré, chercha des yeux son chapeau, le prit, et vint se placer un genou en terre devant Mme Plichon.

— Pardonnez, dit-il, à l’homme le plus malheureux !…

Clotilde fondit en larmes ; Édith se rejeta en arrière et s’éloigna ; ma pauvre maman eut l’extrême bonté d’être émue :

— Une imprudence n’est pas un crime, dit-elle, mon pauvre cousin ; nous ne vous accusons pas.

— Dieu merci, reprit-il en se relevant, je suis atteint du même malheur ; je suis ruiné encore plus complétement que vous ; il ne me reste rien !

Sur ce mot, d’un air héroïque, il se retourna vers nous tous, nous dit adieu solennellement et se dirigea vers la porte. Comme il s’y attendait bien, Clotilde courut au-devant de lui :

— Où allez-vous, Marc ?

— Je pars… chère Clotilde.

— Où allez-vous ? je vous le demande.

— Je n’en sais rien, répondit-il en levant les yeux au ciel.