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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/325

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dominé par des soupçons irrésistibles, et que le trouble de cet homme confirmait à chaque instant. Et j’avais deviné si bien, qu’un mandat d’amener, porté par deux gendarmes, est arrivé hier. Mais le Forgeot était parti depuis près de vingt-quatre heures. Clotilde est au désespoir. Il est certain qu’elle n’a pas de chance dans ses amours. Elle persiste cependant à croire qu’il comparaîtra et fera briller son innocence. Je ne le pense pas.

Nous avons eu en outre la visite du juge de paix, accompagné de son greffier et d’un autre scribe, qui venaient prendre des renseignements sur l’affaire de dimanche dernier. Mme Plichon a déclaré son mari hors d’état d’être interrogé, quoiqu’il soit assez bien pour se lever, et qu’il garde seulement la chambre ; puis elle a présenté l’affaire comme extrêmement grossie par les rumeurs qui ont circulé et se bornant à des coups de bâton donnés dans une porte par quelques gamins. Le rassemblement, assura-t-elle, n’avait d’autre but que de recevoir une aumône qu’elle voulait faire. Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.

Les domestiques qui avaient le mot ont dit la même chose, et si le juge de paix a interrogé quelqu’un sur son chemin, les paysans, selon leur invariable habitude en pareil cas, ont dû lui répondre qu’ils n’avaient rien vu.

Grâce à la maladie de M. Plichon, nous avons donc sauvé tous ces pauvres gens, et la provision de blé, cause de tout le mal, part demain pour le marché, d’où nous la ramènerons, Leyrot et moi, si, comme je l’espère, je reçois ton envoi ce soir.

M. Plichon ignore tout encore. Maman porte son