Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/335

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3,000 fr. On évalua d’abord le linge et l’argenterie, ce qui engloba presque tout ; car un des orgueils de la province est la quantité du linge empilé dans les armoires. Assurément, elles en achetaient trop ; mais je les laissai faire. Il ne resta presque rien pour l’ameublement. Je voyais l’irritation de Blanche croître au milieu de ces déficits. Elle mettait en écrit tous ses calculs et promenait partout son crayon et son cahier, qui le plus souvent gisaient sur la cheminée, d’un air abattu.

Après avoir essayé vainement d’échapper à ces détails, l’ennui qu’ils me causaient, un instinct secret peut-être, ma secrète irritation, me poussèrent à embarrasser Blanche encore davantage ; ce qu’elle ignorait des détails du luxe à Paris, je l’en informai ; le total s’accrut d’une manière désespérante ; mais tout ce qu’elle portait en compte n’en était pas moins indispensable. Nous arrivâmes ainsi à 6,000 fr.

La voyant désespérée, je lui proposai de tout recommencer, en réduisant tout. Les sommes nécessaires à l’achat du linge, des lits, de l’argenterie, furent établies au plus bas mot, à 1,800 fr. Nous rachetâmes sur nouveaux frais, un peu plus modestes, les meubles de la chambre à coucher, de la salle à manger, de la cuisine. Il ne resta que 500 fr. pour le salon.

Il y fallait cependant un canapé, des fauteuils, des chaises, le tout en velours. Autrement, une duchesse ne s’y fût pas assise. Doubles rideaux guipure et soie, glaces et vases, table et tapis, garniture de la cheminée.

Tout cela fut brin à brin discuté, supputé, considéré sous toutes faces. Nous n’arrivions à rien de possible ; et