Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/42

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brillait un rayon de foi si pur qu’il m’enflamma l’âme ; je m’écriai : Oh si ! j’y crois ! et le répétai sur ses lèvres.

Elle ne m’a point demandé, la chère fille, d’autres serments. Mais je suis honteux et ravi, furieux et charmé, que sais-je ? Tout étonné de me sentir encore jeune à ce point, quand je me réjouis de cette émotion et cherche à m’y rattacher, je retombe dans mes doutes et ne crois plus. Vois-tu, l’amour est une chose à la fois de ce monde et hors de ce monde, où elle ne réside qu’incomplète, et c’est pourquoi sans cesse elle nous attire et nous trompe toujours.

Toutes sortes de projets roulent dans ma tête. Tantôt je pense à partir pour l’Amérique, tantôt à me marier. Plus cette indécision se prolonge et moins je joue le rôle d’un honnête homme. Ce qu’il y a de vrai à dire aussi, c’est que je n’ai pas tous les éléments nécessaires à ma décision. Pour faire quoi que ce soit, il faut de l’argent. Si je suis absolument ruiné, qu’elle soit riche ou ne le soit pas, je ne puis épouser Blanche. Achèveras-tu de me dire ce qui me reste ? Réponds-moi courrier par courrier.


DOUZIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.


26 juillet.

Je ne suis pas tout à fait rassuré, mon bien cher William ; car tu pourrais être sur le point de commettre une immense folie ; et cependant ta dernière lettre m’a relevé l’âme à ton sujet ; car j’aime bien mieux, il va sans