Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/51

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vieille fille, cette tante est une jeune femme, fort agréable. Sa visite de nuit dans ma chambre constituait donc une situation essentiellement romanesque ; et elle ne l’oubliait point, car elle avait un air héroïque et désespéré, et ses premières paroles furent :

— Ma présence, à cette heure. Monsieur, devrait en effet vous étonner, si votre conscience ne vous en révélait le motif.

En même temps, elle entrait, presque malgré moi, et je n’avais pas eu le temps de présenter un fauteuil qu’elle s’y était déjà laissée tomber, émue à l’extrême, tremblante, mais d’exaltation plus que de peur. Je regardai la pendule, il n’était qu’une heure.

— Monsieur, s’écria mademoiselle Clotilde, je vous croyais un homme d’honneur, et jamais, non jamais, je n’aurais deviné que vous fussiez capable d’une si odieuse et si coupable trahison !

Ce début acheva de me porter sur les nerfs et je fus lâche et méchant, comme nous sommes facilement, nous autres hommes, à l’égard des femmes. Certes, je savais bien que cette pauvre fille n’était venue que par un élan de dévouement presque sublime, et cependant je lui dis, en prenant sa main :

— J’ignorais, Mademoiselle, avoir mérité votre attention et votre bonté jusqu’au point où vous me les prodiguez en ce moment. Les injures mêmes d’une jolie bouche ont du prix, et venir ainsi au milieu de la nuit, dans ma chambre, est une preuve d’intérêt si particulière, que……

Je rougis de moi-même en la voyant rougir. Elle