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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/77

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bien et le mal, le chaud et le froid, le mouvement et le repos ?

— Mais voyez donc, lui dis-je, que c’est non pas la lutte, comme vous le croyez, mais l’incessante fusion de ces contraires qui crée et constitue la vie. La vie n’est pas un combat impie ; mais un accord divin.

Il ne comprit point et se mit à philosopher sur les théodicées persane et hébraïque, c’est-à-dire qu’il me récita Voltaire, Dupuis et Montesquieu. Je le laissai parler ; il me quitta charmé de notre entretien. Je n’en pouvais dire autant ; il m’avait agacé les nerfs et j’eus besoin de revoir Blanche pour oublier les désagréments de mon rôle.

Me voici donc mis en demeure de chercher une fonction, et, comme tu le dis très-bien, il s’agit avant tout de savoir laquelle. En y songeant, tous mes dédains d’autrefois me reviennent ; mais je ne veux pas trop les écouter, car j’ai maintenant pour devoir de me mêler activement, sérieusement, à la vie sociale, aux risques et périls de mes répugnances. Il en est cependant que je garderai. Il me faut une fonction honnête, c’est-à-dire utile, et dont encore l’utilité ne soit pas compromise par trop d’erreurs ou de préjugés. Sais-tu que je n’en vois guère ? Si je pouvais être conservateur de quelque musée ? ou bibliothécaire ? C’est ce qu’il me faudrait. L’étude paisible du passé permet de se tenir à part des tripotages présents ; quand les savants s’en mêlent, c’est double bonne volonté de leur part assurément. Oui, c’est une de ces places que nous demanderons ; malheureusement elles sont rares. Peut-être encore l’administration des