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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/85

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cuisinière et le cocher Jean, qui est en même temps valet de chambre et factotum. C’est un garçon peu dégourdi, mais de l’apparence la plus honnête. La cuisinière est une fille entendue, qui est là depuis dix ans. La table est abondante, sans recherche ; les domestiques semblent heureux et attachés ; une libéralité pleine d’ordre règne partout. Je passerais ici ma vie.

On n’a pas l’embarras des occupations rurales. M. Plichon fait cultiver ses terres par un métayer dont l’habitation se trouve à peu de distance, du côté des champs. J’ai traversé la cour de cette ferme, occupée d’un côté par un fumier aux exhalaisons fétides, de l’autre par une mare, dont l’eau croupit au soleil. Le peu de terre ferme qui reste vacant est rempli par des poules, des canards et une bande d’enfants, dont l’aînée, une petite fille, a dix ans environ. Quand je lui ai demandé son âge, elle m’a répondu : — Je ne sais pas ; mais le petit a dix-huit mois.

Ce petit est un gros enfant, très-barbouillé, qu’elle tenait dans ses bras, et dont le poids dépasse assurément les forces de cette fillette.

— Est-ce que le petit ne marche pas ? lui demandai-je.

— Oh si. Monsieur, c’est qu’i n’veut pas.

— Il faut le mettre par terre, Madeluche, dit M. Plichon, qui m’accompagnait, ou plutôt que j’accompagnais, dans sa visite à la ferme.

— Oh ! il crierait.

— Laisse-le crier ; ce gros enfant te fera tourner la taille.