Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/105

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fuyaient. Voici ce qui s’était passé :

Les francs-tireurs, au nombre d’une douzaine, s’étaient portés en avant du détachement prussien, dans un lieu où la route se trouvait encaissée entre de hauts talus. Postés des deux côtés, assez loin les uns des autres, ils attendirent que les Prussiens fussent bien avancés pour tirer au beau milieu ; puis ils lâchèrent encore leur second coup et coururent, tout en rechargeant, les fusiller de nouveau en avant et en arrière ; de sorte que le détachement, composé d’une cinquantaine d’hommes, crut avoir affaire non pas à une douzaine d’assaillants, mais à un bien plus grand nombre.

Déjà les balles des francs-tireurs, bons chasseurs pour la plupart, en avaient tué ou blessé une vingtaine. Ceux qui osèrent grimper les talus, furent promptement descendus par les balles ; plusieurs déjà prenaient la fuite, quand la mort des deux officiers qui étaient en tête, acheva de trapper d’épouvante les Prussiens. Ils s’enfuirent de tous côtés, poursuivis par les francs-tireurs, et il n’y en eut pas plus d’une dizaine qui s’échappèrent.

Mais ceux là suffisaient, outre le retentissement des coups de feu, pour donner l’éveil à Courcelles, où tout un régiment avait passé la nuit, et il fallait se hâter de disparaître. Les francs-tireurs prirent seulement deux chevaux, un peu de linge, et filèrent vers la montagne. Louis les rejoignit ; pour François, il restait caché afin de pouvoir, à la nuit, retourner près de sa mère.

— Voici la bonne guerre, la vraie guerre d’un peuple envahi, s’écriait Louis en marchant près de M. Cordier, après que celui-ci lui eut raconte le succès de leur attaque. Si, aux environs de tous les villages, l’ennemi trouvait pareille aventure, il se lasserait bien vite et reprendrait en hâte le chemin de ses foyers.

À son tour, il raconta les scènes affreuses du Bourny, et plein d’indignation et de haine, des larmes dans les yeux :

— Ah ! tenez ! ça me fait mal de n’avoir pas été des vôtres. J’ai besoin d’en tuer à présent, et je donnerais ma vie, oui, de grande joie, pour pouvoir exterminer jusqu’au dernier de cette race ignoble et féroce !

— Je comprends votre sentiment, répondit M. Cordier, et j’ai besoin de toute