Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/107

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miner toute une légion, plus de 6, 000 hommes, parce que cette légion était composée d’anciens marins et que les préjugés des aristocrates romains voulaient que l’homme de mer fût inférieur au militaire.

Le grand Charlemagne, empereur des Francs, conquérant de l’Allemagne, fait transporter hors de leur patrie, parce qu’ils ne veulent pas se soumettre à lui, 30,000 Saxons, qui meurent de misère. À Verdun, il en avait fait égorger 4,500 en un seul jour.

François Ier, surnommé le restaurateur des arts, le père des lettres, fait brûler vifs les imprimeurs en place de Grève, et proscrit l’imprimerie comme un art diabolique. Les rois savent bien que l’instruction du peuple les tue. Ce même roi, homme de joyeuse humeur, atteint d’une maladie honteuse, fait, pour obtenir du ciel sa guérison, massacrer et brûler plus de 4,000 paysans vaudois.

Le bon Henri IV fait pendre haut et court les paysans qui se permettent de chasser.

Le grand Louis XIV dépeuple le midi de la France par le massacre des protestants.

Mais je vous en citerais jusqu’à demain de ces choses-là.

Relisez la proclamation de Frédérick-Charles, ce prince doux et pieux qui nous appelle brigands et impies, et veut nous exterminer parce que nous ne trouvons pas bon que ses soldats nous pillent et nous massacrent.

Mais, encore, tenez : le meilleur et le plus bonhomme de tous nos rois, Louis XVI, il était plein d’amour pour son peuple, il le disait, et, par extraordinaire, ne mentait pas trop. Il fit de bon cœur de bonnes réformes et sacrifia même une partie de son pouvoir. Mais cela n’empêcha pas que, lorsqu’il vit son trône menacé, il n’appelât en France les rois de l’Europe, pour qu’ils fissent entendre raison à son peuple en le massacrant. Quand, appelés par lui, le roi de Prusse et les autres envahirent la France, le peuple français proclama qu’il était libre, qu’il n’y aurait plus de rois, que le gouvernement serait une République, et, sans armées, sans argent, sans alliances, il courut aux frontières et repoussa victorieusement et promptement l’ennemi. C’est qu’alors on avait une grande foi, un puissant amour de la liberté ; on savait que la guerre, l’ennemi et la monarchie,