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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/15

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lui allait à ravir. La maitresse Chazelles, prête elle aussi, mais trouvant toujours quelque chose à ranger ou à préparer avant son départ, allait et venait. À ce moment le père entra en blouse de voyage, le fouet à la main :

— C’est embêtant ! dit-il ; la Grise boîte ; je ne sais pas ce qu’elle a, et ça ne parait pas grand’chose ; mais, toutefois, pas moyen de la mettre à la carriole, et force est bien de prendre la Rouge ; nous irons plus doucement. Seulement, puisque tu as affaire au marché, femme, tu vendras bien aussi le beurre et les œufs, et Marie restera à la maison, parce qu’à trois nous pèserions trop.

Sur ces mots, la figure de Marie changea tout à coup, à la manière dont le temps s’obscurcit quand un nuage passe sur le soleil, et, tournant la tête vers son père :

— Moi, je n’irais pas ? dit-elle avec un air de grande surprise et de grand chagrin.

— Pour une fois, tu n’en mourras pas, j’imagine, répondit Chazelles.

— Mais j’ai affaire, moi aussi ! s’écria la jeune fille, je veux changer le fil que j’ai acheté l’autre jour ; ensuite… il y a des pratiques à qui j’ai promis et… maman ne les connaît pas toutes… et puis…

— Tu as l’air de chercher des raisons, je vois bien que ça t’ennuie de rester. Mais il faut se faire une raison.

Il sortait quand Marie s’écria :

— Eh bien, j’irai de mon pied, moi, je ne demande pas mieux ; j’irai avec la voisine Galey, qui y va aussi, et je vais lui dire…

Doucement, doucement, dit en l’ar-