Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/17

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Et, bientôt après, elle rentrait, disant :

— Dépêche-toi. Nous allons partir devant, et nous descendrons aux montées, Elles partirent en hâte en effet, pendant que le père Chazelles, haussant les épaules et un peu grognon, attelait la Rouge, une poulinière déjà ronde, qu’il craignait grandement de fatiguer, car elle lui avait déjà fait deux beaux poulains, vendus un bon prix. Ensuite, il arrangea le veau, jambes liées au fond de la carriole, chargea les paniers, monta et fit claquer son fouet, mais sans toucher à sa bête, et partit au petit trot sur le chemin bien entretenu qui menait à la route, pendant que de l’étable s’élevaient de longs mugissements plaintifs, ceux de la vache à qui l’on venait d’enlever son nourrisson.

Pendant plus d’un quart d’heure, le père Chazelles trotta sans apercevoir sa femme et sa fille ; la route faisait plus d’un coude, et elles avaient pris par les champs. Il commençait à s’en inquiéter, quand il les vit enfin qui marchaient d’un grand pas, l’une à côté de l’autre. Au bruit de la carriole, Marie tourna la tête et se mit à marcher encore plus vite, laissant en arrière sa mère, qui finit par s’arrêter et attendre. Quand maitre Chazelles arrêta la Rouge pour faire monter sa femme, on voyait Marie déjà à l’autre bout de la route, loin, loin, et marchant toujours.

— M’est avis, dit-il, que ta fille est folle aujourd’hui.

— C’est qu’elle a été toute chagrinée que tu aies voulu la laisser à la maison, répondit la mère, et elle fait le plus de