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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/25

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Feuilleton de la République française
du 12 septembre 1874



(5)

MARIE LA LORRAINE


NOUVELLE

CHAPITRE III

LES GALANTS DE MARIE

C’est la coutume dans nos campagnes que garçons et filles se voient librement, et que ceux qui ont envié d’épouser une telle, aillent tout bonnement la visiter les dimanches et fêtes chez ses parents. On jase, on rit, on se promène ensemble et de la sorte on se connaît, ce qui est bien le moins quand il s’agit de passer tonte la vie ensemble. Les bourgeois, qui bâclent la noce après deux ou trois visites de cérémonie, ne trouvent pas convenable cette coutume des paysans. Qu’est-ce qu’il y a donc de plus convenable que le bon sens ?

Je ne nierai pas qu’il n’en résulte çà et là quelques baisers égarés, c’est-à-dire donnés ou laissé prendre, à d’autres qu’à celui qui sera en définitive choisi. Mais ne vaut-il pas mieux se tromper d’un baiser que du tout au tout et choisir avant que choisir après, comme le font souvent les demoiselles qu’on a mariées avec des messieurs qu’elles ne connaissaient pas ?

Donc, le dimanche qui suivit le marché, ils étaient au Bourny trois jeunes gens venus pour faire la cour à Marie : Louis Brésy, Marcelin Varnaud, et Bruckner, l’Allemand. Le père Chazelles, qui se trouvait à la ferme, les avait bien reçus, du moins les deux derniers ; car à peine avait-il répondu au salut de Louis Brésy. Commandant à Annette d’aller chercher un broc de vin à la cave, et à Marie d’apporter des verres, il avait fait asseoir à table