Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/50

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l’en débarrasser, on le ferait de bon cœur.

Telle était l’idée de tout le monde, celle du père Chazelles comme les autres. Aussi apprit-on avec mécontentement qu’un certain nombre de gens, ayant à leur tête M. Cordier et Louis Brésy, se mêlaient de blâmer la chose et conseillaient de dire non. Dire non à l’empereur ? C’était poli ! Et pourquoi ça ? — Mais ces enragés-là se croyaient fout permis et n’étaient jamais contents ; fallait qu’ils eussent un bien mauvais caractère ! Chazelles et bien d’autres, indignés, n’eussent pas du tout trouvé mauvais qu’on les mit en prison, pour leur apprendre à mieux penser.

Il y eut, à ce propos, une réunion à Fouligny, où beaucoup de gens de la ville et des environs assistèrent. Chazelles en était avec ses fils ; car il avait beau soutenir que les paysans n’avaient pas le temps de faire de la politique, il était content de voir ça, outre le plaisir de témoigner ses bons sentiments pour l’empereur.

Cela commença par un discours de M. le maire, qui fit un éloge de Sa Majesté à charmer et attendrir tout le monde : Napoléon III était le père de la France ; il n’avait, jour et nuit, d’autre pensée que son bonheur ; il ne s’occupait d’autre chose et, s’il n’avait pas été sans cesse empêché par les éternels ennemis de l’ordre, c’eut été déjà partout comme en paradis. Heureusement, le peuple français, et surtout les paysans, dont il était particulièrement l’empereur, pouvaient lui donner plus de force, en confirmant de nouveau son pouvoir et en assurant le trône à son fils ; car alors les mauvais esprits seraient intimidés, réduits au silence, peut-être même convertis par cet éclatant suffrage. Du moment où le trône de France se trouverait assuré à perpétuité à l’empereur Napoléon III et à sa dynastie, que vouliez-vous en effet qu’ils pussent dire et faire ? Il ne leur restait plus de temps ni de place pour leurs mauvais coups, plus d’espoir ; c’était fini, et ils n’avaient plus qu’à s’en aller dans d’autres pays, ou, s’ils aimaient mieux, dans l’autre monde. On ne les retiendrait pas. Quant au peuple français, il ne pouvait faire mieux que de se don-