gloter ; les enfants, consternés, se taisaient ; on eût dit un repas de funérailles.
Ce ne fut pas long que Jacques reçut l’ordre de rejoindre son régiment, et, bientôt après, Justin d’aller au chef-lieu d’arrondissement pour être exercé avec les autres. Sa jeune femme, quasi folle, disait qu’elle ne voulait pas, qu’on ne devait pas lui prendre son mari. Quant à maîtresse Chazelles, la pauvre bonne femme, lorsqu’elle cessait de pleurer, elle devenait emportée de colère comme la tigresse à qui l’on prend ses petits, et disait des choses que le Bourny n’avait jamais entendues, maudissant l’empereur et allant jusqu’à reprocher à son mari de l’avoir tant de fois nommé et renommé ; car il les avait trompés, maintenant. Elle n’était pas seule à dire cela ; c’était un cri de toutes parts. En voyant leurs gars forcés de partir, devant la moisson commencée, tous répétaient :
— Il nous a trompés, car il nous avait promis la paix !
Et les mobiles, dont beaucoup s’étaient mariés et qui pensaient rester bien tranquilles, partaient de mauvais cœur, quelques-uns même disant qu’ils ne se battraient pas.
Enfin, c’était une désolation et un grand mécontentement.
(À suivre.)