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Feuilleton de la République française
du 3 octobre 1874

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La Revue des Questions diplomatiques, qui devait paraître aujourd’hui, paraîtra le samedi 10 octobre.


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MARIE LA LORRAINE


NOUVELLE

CHAPITRE VIII

L’INVASION

— SUITE —

Tandis qu’on buvait, une voix s’éleva que Chazelles crut reconnaître ; et il la reconnut tout à fait quand, s’adressant à Jérôme, cette voix dit en français :

— Ah ! trole ! c’est pas tu meilleur que tu nous as donné ; il y en a t’autre, che le sais pien, moi. Vas-en chercher tout te suite ! Ou pien, attendez, je vas fous mener à la ponne cafe, moi ! Che sais où elle est.

C’était l’Allemand Bruckner, l’ancien hôte de Chazelles, sous le costume de soldat prussien, car il avait été rappelé dans son pays pour la guerre, ainsi que les autres.

Ils descendirent à la cave, en effet, conduits par lui, et l’on entendit battre et défoncer les tonneaux, et leur chants d’ivrogne s’élevèrent par le soupirail.

Bientôt, ce fut une cohue. Quand ils eurent bien bu et bien mangé, ils se mirent à défoncer les armoires et à se disputer le linge et les chemises.

Le père Chazelles était toujours dans son même coin, debout, comme si ses jambes avait été clouées à terre. Il n’y avait d’ailleurs pas de siège pour lui. Les femmes allaient et venaient, pâles comme des linceuls. Un des Prussiens voulut prendre la taille de Marie, et seule-

  1. Voir la République française des 9, 10, 12, 13, 14, 16, 17, 20, 21, 23, 24, 26, 27, 28 septembre et 1er octobre.