Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/39

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tout révélé, depuis les mouvements les plus vifs de son cœur jusqu’aux velléités les plus fugitives, soigneuse d’arracher, à mesure, ces germes de vie sans cesse renaissants, — Et que de fois, lasse de ce travail éternel, meurtrie de tant de blessures, elle avait rougi d’elle-même et maudit la sève inépuisable qui faisait fleurir tant de choses mondaines en son cœur. Mais depuis quelques jours, ce n’était plus tout cela, c’était une passion véritable qui croissait en elle, et, comme ces merveilleux rameaux des légendes, s’étendait jusqu’à tout couvrir de son ombre. Et, bien loin d’éprouver le besoin de s’en accuser, elle l’avait abritée, cachée à tous les regards, à ceux même de son confesseur, juge sévère qui l’eût proscrite, elle le savait bien. Non, elle ne voulait pas arracher ce sentiment-là ; elle ne le pouvait ; de celui-là, les vrilles étaient les fibres mêmes de son cœur. Abandonner ces pauvres enfants, Oh ! jamais !…

Et Dieu ?

Dieu !… le Seigneur Jésus ! le doux Sauveur ! et la sainte Vierge ! Ces êtres surnaturels, si grands et si doux, qui méritent de la part des hommes tant d’amour, tout l’amour même, puisque, seuls, ils sont parfaits… Eux qui l’avaient comblée de tant de bontés, de douceurs si grandes, quand, à force d’avoir tendu vers eux sa pensée, elle arrivait enfin à sentir leur présence et à tressaillir d’amour en face de leur infinie grandeur… Oh ! pouvait-elle être à ce point ingrate et relapse !…

Mais elle a fait un serment ; elle a promis à cette mère mourante…