Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/41

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cheter sa faute, à force de prières et de larmes ; elle ne peut que pleurer, prier, demander pour ces enfants le secours de Dieu. Lui seul peut les protéger ; lui, suprême puissance et bonté suprême !… Ah ! sans doute ; et cependant ?…

Alors, elle, qui jusque-là s’en est remise de tout à la Providence, qui n’a jamais hésité, dans sa foi, à conseiller aux affligés ce dernier recours… maintenant qu’il s’agit des enfants, elle a peur, elle doute. Car enfin, il faut l’avouer, nombre de créatures de Dieu souffrent sur cette terre… La Providence ne semblait-elle pas déjà, ces pauvres petits, les avoir abandonnés ?… Et combien d’autres ne laisse-t-elle pas mourir !… Des anges au ciel ?…

Oh ! non, non ! Contre ce décret, tout céleste qu’il soit, le cœur de la jeune religieuse se soulève. Ils ne pourraient obtenir cette gloire, sans mourir. Mourir de souffrance, eux !… Et pourquoi donc mourraient-ils ? ne sont-ils pas nés pour vivre ?

Elle eut un élan d’indignation contre cette Providence implacable, qui pouvait sacrifier de pauvres petits enfants.

…… A-t-elle blasphémé ? grand Dieu ! Non, non ! seulement elle s’est trompée. La providence de Dieu n’agit point elle-même ; elle choisit dans l’humanité ses instruments, et si c’était sœur Sainte-Rose — cette pensée la fit tressaillir, — si c’était elle, que Dieu eût choisie pour sauver ces deux enfants…

Elle voulut le croire. Cette espérance répandit le baume dans ses veines, et sur le matin elle s’endormit.

Au réveil, un vif serrement de cœur la