Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/62

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forte pour se soutenir, sur le siége où il l’avait fait asseoir, il la laissa et courut aux enfants, en s’écriant :

— Je ne les ai pas encore embrassés !

Ils le regardaient de tous leurs yeux l’un et l’autre, étonnés, inquiets, de l’état de leur maman et de la présence de cet étranger.

— Tu ne reconnais pas ton papa ! Joséphine, dit le jeune homme, en prenant la petite fille dans ses bras.

— Non ! dit-elle, non ! en le repoussant. Et tournant les yeux vers Céline, elle cria : — Maman ! d’un ton plaintif.

Le père attristé, la posa par terre, après l’avoir, malgré elle, embrassée, et alors courant se réfugier près de sa maman, Joséphine se colla contre elle, pencha la tête sur ses genoux, et de là se mit à regarder l’étranger, d’un air moins craintif que malicieux.

— Et toi, Jean ? dit-il.

Mais déjà l’enfant avait imité le mouvement de sa sœur, et l’un et l’autre, campés aux deux côtés de leur mère adoptive, semblaient défier toute attaque.

Les voyant ainsi tous trois groupés contre lui, elle si triste et si pâle, eux presque hostiles, le père, d’un air tout chagrin, s’assit en face d’eux, et dit, en laissant tomber ses mains sur ses genoux :

— Allons !…

— Mon Dieu ! c’est vrai, dit alors la jeune fille, d’une voix brisée, nous le recevons bien mal !… Enfants, c’est votre père… Joséphine, tu sais…

La voix lui manqua ; mais non le courage ; elle se leva, prit les deux enfants