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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/147

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À l’église, où il ne manqua pas d’entrer, Gustave affecta de se tenir debout, et, quand tout le monde s’asseyait, il prenait, avant de s’asseoir aussi, une expression de figure qui disait : Tiens ! Ton s’assied à ce moment ; je l’avais oublié. Il parlait fréquemment à l’oreille de sa sœur ; et quand enfin elle l’eut prié de se taire, il s’entretint par signes, d’un banc à l’autre, avec Émile Bourdon. Sylvestre Perronneau, d’un autre banc, leur faisait aussi des signes, et comme ils ne s’en apercevaient pas, il riait en cachant sa tête dans ses mains. Les paysans, qui voyaient tout cela, pensèrent que c’était le genre de la ville ; même la jeunesse trouva qu’il n’y avait rien là que de fort gentil, et l’on parla des jeunes messieurs tout le dimanche. Les dévotes blâmaient d’un ton aigre-doux. Le curé, qui dînait chez Mme Bourdon, prit le parti de n’avoir rien vu.

En sortant de la messe, Lucie et Gustave se joignirent à la famille Bourdon et se rendirent au logis. L’ordre solennel qui régnait d’ordinaire dans cette noble demeure, était un peu troublé ce jour-là. Jules était partout. Émile et Gustave, accompagnés de Sylvestre, allaient, venaient, riaient, accaparant M. Gavel et agaçant tour à tour Aurélie et Lucie. M. Bourdon partait pour une de ses courses fréquentes, un rendez-vous d’affaires dans un bourg voisin. On s’entretenait ouvertement du mariage d’Aurélie, fixé au premier juin. Quel bonheur ! Ça me fera une vacance, criait Jules en sautant à pieds joints par-dessus les chaises. Et il appelait beau-frère l’ingénieur que d’un rien il eût tutoyé. Tout en chiffonnant les barbes du bonnet de sa mère, Émile arrivait par cent détours à la question qui le préoccupait.

— Nous aurons une belle noce, maman, n’est-ce pas ? Y aura-t-il beaucoup de monde ? Vous inviterez tous les voisins ? Aurez-vous les Jaccarty ? Aurez-vous la famille de Parmaillan ?