Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/169

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Aussi bien, ne sachant par où commencer, Mlle Bertin, de son côté, semblait un accusé sur la sellette. Elle était fort pâle et avait le cœur serré. Enfin, évitant les détours, elle dit résolument :

— Je crois, ma tante, accomplir un devoir en vous informant, puisqu’il en est temps encore, de l’indignité de M. Gavel.

Mme Bourdon fit un bond sur son fauteuil ; mais se calmant aussitôt : — Que signifie cela ? demanda-t-elle.

M. Gavel, ma tante, a séduit la petite Lisa Mourillon, qui, dit-on…

— Qui, dit-on ? répéta Mme Bourdon.

— Est enceinte.

— Voilà de belles nouvelles ! Et pourrait-on savoir d’où tu les tiens ?

Lucie raconta ce qu’elle avait entendu derrière la haie.

— C’est tout ? demanda Mme Bourdon.

Avec un peu d’hésitation, Lucie rapporta encore la confidence de Michel.

Pendant ce temps, Mme Bourdon regardait sa nièce, et sous ce regard clair et froid, accompagné d’un serrement particulier des lèvres, Lucie se troubla.

— Vous avez sans doute des preuves ? dit lentement Mme Bourdon.

— Des preuves ! répéta Lucie… mais quelles preuves pourrais-je avoir ? Et d’ailleurs…

— C’est qu’on ne peut lancer une accusation si grave sans preuves, dit Mme Bourdon.

— Ce n’est pas une accusation, ma tante, c’est une confidence que je vous fais dans l’intérêt d’Aurélie.

Mme Bourdon sourit de l’air d’une vipère qui siffle. — Assurément ! dit-elle ; mais, je le répète, dans une circonstance si grave il faut absolument des preuves.