Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/215

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— Ça n’est pas pour vous que je l’ai fait, répliqua Michel avec mépris.

Mais à peine M. Gavel entendit-il cette réponse, car aussitôt le visage et la voix de Cadet Mourillon l’avertirent qu’il était en face d’un nouvel ennemi.

— Moi aussi je suis venu à vot’ secours, m’sieur Gavel. disait Cadet ; ç’a été pour vous remercier de vos amitiés envers ma sœur. Sommes-nous pas beaux-frères, dites ?

Serrant les poings, il allait se jeter sur l’ingénieur, quand Michel lui prit le bras :

— Ne le touche pas ! tu l’étranglerais malgré toi. Viens, Cadet, partons !

— Non ! tiens, je ne le toucherai pas, dit Cadet en sautant sur le fouet tombé à terre, dont il cingla le visage de Gavel en criant : — Chien ! je le traite comme un chien !

— Infâme ! assassin ! misérable ! hurla Gavel, qui saisit une grosse pierre, et la lança contre Cadet.

— Eh ben ! eh ben ! qu’est-ce que c’est que ça ? dit une voix au son de laquelle ils tressaillirent tous.

En face du bois, au-dessus d’une haie, s’allongeaient trois têtes curieuses : celles du père Voison et de deux petits bergers.

On n’eût pu dire qui de la honte ou de la joie se peignit le mieux sur le visage de Gavel.

— Je vous prends à témoin, s’écria-t-il, que je viens d’échapper à une tentative, d’assassinat !

— Seigneur ! mon Dieu ! s’écria le père Voison en levant les mains au ciel, c’est-il possible ?

Le premier mouvement de Cadet, à l’aspect de Voison, avait été de s’enfuir ; Michel le retint.

— Puisque cette canaille nous accuse, faut dire à Voison ce qui en est et pourquoi…

— Non, Michel ! non, je ne saurais ; faudrait parler de Lisa… La parole m’en resterait à la gorge, vois-tu, et je