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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/225

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fille, avec de grands yeux humides, s’approchait du petit Jean.

— Vite ! Maintenant, dit Lucie en prenant la main de Gène. Elles se mirent à courir de toutes leurs forces jusqu’au bas de la prairie. Là, respirant un peu :

— Mais nous sommes folles ! dit Lucie. Les gendarmes sont arrivés déjà. Et d’ailleurs, qu’empêcherons-nous, ma pauvre fille ?

— Je ne vous ai pas tout dit, mam’zelle Lucie. Comme je sortais, les gendarmes sortaient aussi, et comme c’est des nouveaux, ils ont demandé le chemin des Èves. Alors Chérie a dit : Je vas vous l’enseigner. Et en même temps elle m’a regardée, de manière que j’ai compris qu’elle les enverrait ailleurs. Courons ! courons vite ! Mon Dieu ! comme vous êtes pâle ! Qui sait ? ça pourra peut-être s’arranger sans qu’ils aillent en prison, et ça serait alors, mam’zelle Lucie, un grand service leur avoir rendu.

Elles reprirent leur course, et ne s’arrêtèrent plus qu’à leur arrivée à la ferme.

La maison était vide. Après une recherche rapide, Gène et Lucie n’aperçurent que Suzon et Madeluche gardant leurs oies sur la chaume. L’une et l’autre à la fois, en arrivant près des petites filles, elles s’écrièrent : Où est Michel ?

— Pourquoi ça ? répliqua Suzon.

— Dis vite ! sans quoi les gendarmes emmèneront ton frère.

Suzon ouvrit de grands yeux effarés ; la petite Madeluche se prit à crier.

— Où est Marie ?

— Elle est à laver.

On entendait en effet du côté de la grande Ève le bruit d’un battoir ; mais c’était trop loin.