Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/235

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vivacité de son indignation contre Fernand Gavel et changea le cours de ses idées.

— Comment justifier cette rupture aux yeux d’Aurélie ? s’écria-t-il. Impossible de lui en cacher les motifs ; et cependant, à dix-huit ans, quelle épreuve, quelle révélation ! Et ce qu’il y a d’affreux, c’est le scandale, un scandale où le nom de ma fille sera prononcé !

— Et d’où ce nom sortira terni, quoique innocent. La nouvelle de ce mariage était un bruit public. On sait, au milieu des on dit et des commentaires, ce que devient la réputation d’une femme. Quoi que nous fassions maintenant, le nom d’Aurélie Bourdon va rester accolé à celui de M. Gavel. C’est même à la rupture de ce mariage que la faute obscure de ce jeune homme devra tout son éclat.

— Vraiment ? dit M. Bourdon avec aigreur. Tu oublies le procès criminel qui va suivre inévitablement la tentative d’assassinat faite contre M. Gavel.

— Ah ! s’écria-t-elle, s’il en est ainsi, le nom de ma fille mêlé à des querelles d’avocats, à des plaidoyers perfides ! L’affront qu’elle a reçu devenu public dans la France entière ! Antonin ! je t’en supplie ! empêchons cela !

— Et que puis-je y faire ? Nous nous abandonnons d’ailleurs à des craintes puériles. Aurélie, étant complètement passive dans cette affaire, n’y peut être mêlée en aucune façon.

— On l’y mêlera ! dit Mme Bourdon. Et si peu que l’atteigne le moindre ridicule, ou l’insinuation la plus légère, elle est si fière ! si chaste ! si réservée ! elle en sera blessée mortellement. De plus, elle aime son fiancé. Comment pourra-t-elle reprendre son amour ? Comment le donnera-t-elle plus tard une seconde fois ? Non ! sa vie tout entière en sera flétrie. Peut-être même, par suite de la défaveur si prompte et si injuste de l’opinion, ne