XI
À l’entrée de la prée, Mlle Bertin trouva Gène qui l’attendait.
— Avons-nous réussi toutes deux, mamz’elle Lucie ?
— Je l’espère. Michel se tient caché.
— Est-ce dans un bon endroit au moins !
— Je le crois. D’ailleurs, il n’y restera pas longtemps, car je le cacherai ce soir dans notre grange.
— Vrai, mam’zelle Lucie ? Ah ! vous êtes bien bonne ! Cependant elle semblait garder une inquiétude encore.
— Et Cadet ? Et Jean ?
— Ils se sont sauvés dans le bois des Fouillarges, où c’est si épais et si entremêlé. Pauvre Cadet, comme il m’a remerciée ! Oh ! c’est qu’il n’aurait plus osé me regarder, si tant seulement un jour il avait passé la porte de la prison. Avez-vous dit à Michel, mam’zelle Lucie, que c’était moi qui avais été avertir Cadet ?
— Oui, je lui ai dit, ma bonne Gène, que c’est à toi seule qu’il doit de n’avoir pas été en prison ce soir.
— Mais ça n’est pas tout, faut leur donner à manger.
— Ah ! mon Dieu ! je n’y avais pas encore pensé ! Com-