Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/244

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— Je vais lui parler, maman.

— Du tout, laisse-la entrer. Eh bien ! ma pauvre femme, avez-vous trouvé votre mari ?

— Oui ben, madame ; il était seulement chez M. Bourdon ! Ah ! j’en ai fait du chemin pour rien ! Mais on a des moments où la tête vous part.

— Assurément vous avez bien de la peine, ma pauvre femme. Cela vous apprendra à surveiller un peu mieux vos filles. Vous autres, dans votre classe, vous n’y faites pas attention.

— Hélà, s’écrie la Mourillon en pleurant, on fait ce qu’on peut. C’est l’ouvrage qui est le maître. Une jeunesse comme ça, pourtant, peut-être est-ce pas tout à fait de sa faute si elle a été mise à mal.

— Oh ! ce sont les filles qui doivent se garder. Il ne faut pas compter sur les hommes. Le sentier de la vertu est trop étroit pour eux. Enfin, ma pauvre Mourillon, il faut espérer que votre fille reviendra de ses égarements. À tout péché miséricorde ! Qu’elle se réfugie dans le sein de Dieu.

— Est-ce que le petit dort, mam’zelle Lucie ?

— Venez, je vais vous dire où il est, répond Lucie qui s’échappe en courant, car elle comprend que la pauvre femme épuisée n’a pas besoin d’éprouver une secousse nouvelle en revoyant sa fille coupable. Elle revient au bout de quelques minutes avec l’enfant dans ses bras, et en retrouvant la Mourillon elle ne manque pas de l’instruire que Cadet et ses amis sont en sûreté.

— Entre M. et Mme Bertin, à la veillée, il ne fut question que de l’aventure. Clarisse prenait part à l’entretien en déguisant mal une joie secrète. Elle répétait souvent : Pauvre Aurélie !

— Tu ne dis rien, Lucie.

— Que puis-je dire, maman ? Je plains les Mourillon.