Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/250

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bruit d’un pas. Est-ce Cadet ? Mais non, il ne sait pas que vous êtes ici.

Ils écoutèrent en silence ; un assez long moment s’écoula.

— Je n’entends plus rien, reprit la jeune fille ; il faut que je rentre à la maison. Vous guetterez dans la prée l’arrivée de Cadet, n’est-ce pas ?

Comme elle achevait ces mots, un éternument aigu éclata à la porte de la grange. Lucie faillit jeter un cri. Instinctivement, elle se réfugia dans un angle formé par la coupe du foin, et, d’un geste vif, elle appela Michel auprès d’elle. Des craintes vives lui traversèrent l’esprit : quelqu’un l’épiait ; n’était-ce point son père ? Oh ! pourquoi avait-elle fait cette imprudence ? Mais pouvait-elle laisser souffrir de la faim ces deux pauvres jeunes gens ?

Cependant, elle était saisie de frayeur, d’inquiétude et d’ennui. Sur un geste de Michel qui montrait la lueur de la lanterne réfléchie sur les murs de la grange, elle souffla la lumière et ils se trouvèrent dans l’obscurité.

Quelques minutes se passèrent au milieu d’un silence profond ; puis, Michel prononça très-bas des paroles que Lucie ne put entendre.

— Que dites-vous ? demanda-t-elle en avançant vers lui son visage pour mieux écouter.

Et comme il se rapprochait aussi en répétant : Je vais monter à la fenêtre voir…

Ses lèvres rencontrèrent le front de Lucie. Une exclamation étouffée lui échappa ; la jeune fille s’était reculée précipitamment.

Un instant après, elle s’aperçut que Michel montait sur la meule de foin.

— Non ! dit-elle en lui saisissant le bras, il ne faut pas…

— Et pourquoi ? demanda-t-il.