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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/253

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Si le tailleur m’a reconnue, s’il sait que je suis là… il ne faut pas qu’il vous voie.

— Je ne sortirai point, mam’zelle Lucie, puisque c’est vot’ volonté ; mais qu’il ne s’avise pas d’entrer, ou je lui tombe dessus…

— Cachez-vous bien vite, au contraire, afin que s’il entre, il ne nous voie pas.

— Me cacher ! Oh ! pour ça, mam’zelle Lucie, vrai, vous n’y pensez pas…

— C’est vous, Michel, qui ne songez pas… Mon Dieu ! vous savez pourtant comme on entend quelquefois les choses… et quelles méchantes idées naissent dans la tête des gens…

— Eh bien ! quoi, mam’zelle Lucie ?

— Ah ! Michel, qu’avez-vous aujourd’hui à ne rien comprendre ? Vous savez bien… Voyons : si les Touron me croient seule dans la grange, ils s’étonneront un peu, voilà tout ; mais s’ils vous y trouvaient avec moi…

— Ah ! dit-il en frémissant ; car il avait enfin compris.

Et tout de suite il se mit à monter sans bruit sur le tas de foin, du côté de la fenêtre.

Pendant cet entretien de Michel et de Lucie, la femme du tailleur était venue rejoindre son fils et son mari.

— Que diable faites-vous là, vous autres ? Êtes-vous fous de causer comme ça en chemise, à la belle étoile ? Allons ! allons ! Puisque cette enragée veste est finie, dare ! dare ! faut se coucher.

— C’est que le père dit comme ça qu’il y a peut-être un incendiaire là dedans.

— Seigneur ! Faut donc que le sang lui monte à la tête, à force qu’il a froid ailleurs ! Allons, mon pauvre homme, ramasse tes chausses et viens-t’en.

— J’ai vu ce que j’ai vu ! dit le tailleur qui élevait